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#MadeInLocal – L’économie locale : des avantages à tous les niveaux

Le projet d’étude Made In Local a enquêté des producteurs qui sont fortement insérés dans des circuits locaux. Il s’agit de structures que nous considérons comme « locales », c’est-à-dire qui sont implantées localement, et qui respectent l’horizontalité dans les échanges (voir notre billet de blog « #MadeInLocal - Qu’est-ce qu’une entreprise locale ? » pour plus de précision). Nous avons ainsi pu recueillir des informations sur leur vision du « local » et sur les avantages que fournit le fait de travailler en local, directement pour les producteurs mais également pour les consommateurs, et plus globalement pour la communauté et la biosphère. C’est ce que nous allons exposer ici.

La parole aux producteurs « locaux »

Afin de pouvoir mener l’étude de la richesse économique créée par des structures qui sont insérées dans des circuits locaux, nous tenions à nous assurer que ces structures étaient bien « locales », au sens où nous l’avons défini. Elles doivent ainsi être implantées sur un territoire, c’est-à-dire être localisées sur le territoire considéré (en considérant la part du nombre d’établissements présents sur le territoire), fournir des biens et services au territoire (part des lieux de vente ou de prestation présents sur le territoire), utiliser des ressources locales (part du nombre de fournisseurs présents sur le territoire & part des salariés résidant sur le territoire), et enfin avoir des propriétaires locaux (part des propriétaires résidant ou travaillant sur le territoire).

Sur un territoire faisant 6990km² (la Vienne), pour l’ensemble des structures que nous avons enquêtées, tous les indicateurs dépassent les 40%. De plus, la moyenne de tous ces indicateurs pour chacune des structures est supérieure à 70%. Nous pouvons ainsi affirmer que les producteurs interrogés sont bien implantés localement.

Nous nous sommes également intéressés au critère d’horizontalité dans les échanges, qui est central pour l’économie locale. En effet, il permet de s’assurer que les structures n’ont pas de pouvoir de négociation trop important au sein du système économique. En ce qui concerne les producteurs enquêtés, aucun n’a de pouvoir de marché trop important. De plus, nous les avons interrogés sur la qualité des relations qu’ils entretenaient avec leurs partenaires économiques, et les échanges avec leurs fournisseurs locaux étaient qualifiés de relations d’entraide, de fidélité, de valorisation mutuelle, de partage de valeurs et de relations équitables. Les échanges entrepris par ces producteurs au sein du système économique se fondent donc bien sur une base horizontale, permettant une certaine réciprocité entre les acteurs.

Par conséquent, les avantages de l’économie locale qui seront décrits ci-dessous ont été identifiés par des producteurs qui sont fortement ancrés dans des réseaux locaux, et qui participent ainsi activement à faire vivre l’économie locale quotidiennement. Les bénéfices mis en avant sont donc régulièrement expérimentés ou perçus par ces acteurs économiques de terrain.

Le local : une stratégie au service de valeurs

Deux notions reviennent souvent dans les discours des producteurs locaux : le réseau et la singularité, qui sont caractéristiques du bon fonctionnement des systèmes dits complexes, tels que les systèmes économiques. En effet, ces producteurs ont conscience d’être fortement intégrés au sein d’un maillage composé de multiples agents économiques, mais également d’être une structure particulière au sein de ce réseau, d’avoir une identité propre. Ils ont ainsi bien conscience d’avoir un rôle à jouer au sein de ce système économique, d’avoir un pouvoir d’agir. Cette capacité d’action est guidée par des valeurs, qui varient d’un producteur à un autre (la solidarité, la qualité, l’environnement,…), et qui sont mises au service d’un projet plus global, d’une vision de la société.

Le local n’apparaît pas comme une valeur en soi, mais plutôt comme une stratégie, une conséquence, une démarche induite pour répondre à ces valeurs, et qui vient nourrir leur projet sociétal. Ce projet implique d’une part de rentrer en résistance face à un modèle fréquemment répandu dans le secteur dans lequel ces structures évoluent, mais les incitent également à innover et à s’adapter pour proposer un modèle économique différent, viable sur le long terme.

Les avantages au sein du système économique

Ces producteurs ont identifiés des avantages à travailler en réseau local au sein même du système économique, c’est-à-dire entre les acteurs économiques (structures productives et consommateurs).

Entre les producteurs tout d’abord, le fait de travailler localement permet de mieux maîtriser leurs coûts, puisque le nombre d’intermédiaires économiques est réduit, et le coût d’acheminement des produits est moindre du fait de la proximité géographique. De plus, cette proximité permet aux fournisseurs locaux d’être plus réactifs, c’est-à-dire qu’ils sont plus facilement sur place et plus rapidement.

Cependant les circuits locaux favorisent également la proximité relationnelle entre les producteurs, et donc la connaissance et la compréhension mutuelles, le respect et la confiance réciproques, la solidarité, la simplicité dans les échanges ainsi que la convivialité. Cette proximité relationnelle fait des fournisseurs locaux des partenaires économiques plus fiables (ils répondent mieux à la demande des producteurs), et les négociations avec eux sont plus aisées. En outre, l’entraide entre producteurs est grandement facilitée, et peut prendre différentes formes : le partage de conseils et de solutions techniques, la mutualisation de moyens (comme des outils de production), ou encore le soutien financier (qui peut permettre la survie d’une structure lors de périodes difficiles). Enfin les relations entre producteurs locaux sont plus pérennes, du fait de la qualité du lien qui est tissé entre ces acteurs.

Le bilan des avantages entre producteurs et citoyens-consommateurs locaux est également très positif, du fait que les structures travaillant en réseau local entretiennent une proximité relationnelle avec leurs clients, et offrent ainsi une qualité d’écoute particulière pour répondre au mieux à leurs attentes. De plus, les producteurs locaux offrent des prestations de qualité, puisqu’ils sont capables d’aller choisir les bonnes entreprises, les bons acteurs du territoire, qui vont permettre de donner aux clients une réponse pertinente tant en termes de qualité, qu’en termes de délais ou financiers.

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Le local : des avantages concrets pour les citoyens et l’environnement

Les producteurs locaux interrogés se sont également prononcés sur les avantages globaux que fournissent les économies locales. Un fonctionnement plus local du système économique engendre de nombreux bénéfices à la communauté (ou collectivité), au sens d’un groupe social dont les membres vivent ensemble, et partagent ainsi des intérêts communs. Nous nous intéressons donc ici aux liens entre le système économique et l’anthroposphère qui l’englobe, qui désigne l’ensemble et les résultats des activités produites par l’être humain, et qui dépasse donc la sphère économique.

Un système économique local offre tout d’abord de l’information à la collectivité à la fois sur l’origine des produits, à travers une traçabilité plus aisée (moins d’intermédiaires, et une plus grande proximité géographique), mais aussi de l’information sur les conditions de fabrication des produits. En effet, il est beaucoup plus facile de connaître les manières de travailler de producteurs qui sont proches de chez nous qu’à l’autre bout du monde, et donc de vérifier la qualité des biens et services fournis, les conditions sociales des travailleurs, et l’impact de la production sur l’environnement.

En outre, un système économique local développé offre une diversité très importante d’acteurs, et fournit donc à la communauté un tissu très dynamique d’activités locales et d’emplois sur le territoire, et maintient voire développe également les savoir-faire locaux. Tout cela permet de garder une bonne capacité d’adaptation face aux diverses évolutions économiques, sociales ou encore environnementales.

La proximité géographique entre les travailleurs et leur structure productive génère également un plus grand bien-être au sein de la collectivité, puisque cela tend à baisser les temps de transport, et donc à accroître le temps « libre » de la communauté. Enfin, la limitation des grands intermédiaires (type centrales d’achat) et la proximité relationnelle entre les acteurs économiques favorisent un partage plus équitable des ressources, où chacun des agents est rémunéré au prix le plus juste. Il est important de noter qu’une société plus équitable favorise la résilience et la durabilité du système économique.

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Des producteurs inscrits dans des circuits locaux participent au bon fonctionnement de ce que nous pouvons communément appeler « environnement », ou biosphère. La biosphère désigne l’ensemble des organismes vivants qui se développent sur Terre. Les êtres humains s’inscrivent dans cette sphère du vivant, qui est limitée en ressources, et dont nous sommes dépendants pour notre propre survie. Il est ainsi indispensable d’en prendre soin, et de respecter son rythme. Un système économique viable doit donc prendre en compte cette limite, et améliorer les relations bénéfiques réciproques qu’il entretient avec elle pour être à la fois efficace et résilient.

Le fonctionnement des économies locales va dans ce sens. En effet, en limitant les distances de transport des biens et des hommes, nous réduisons l’énergie nécessaire pour les déplacements, qui peut ainsi être économisée (réduction de l'utilisation des ressources nécessaires à la production d'énergie), ou utilisée à d’autres fins sur le territoire (réaffectation locale). Nous limitons également les diverses pollutions que cela peut générer, comme les émissions de gaz à effet de serre à l’origine du dérèglement climatique. Cette limitation des distances géographiques se situent entre différents acteurs économiques. Elle concerne bien évidemment les relations entre les citoyens-consommateurs et les producteurs qui leur vendent des biens, mais également entre les citoyens-salariés et les producteurs qui les emploient, et enfin entre les producteurs et leurs fournisseurs. On comprend ainsi aisément le besoin de reconstruire des filières organisées et diversifiées au niveau local.

En outre, les structures locales enquêtées considèrent que les conséquences des activités productives sur l’environnement doivent être considérées. Il faut responsabiliser la production, et la prendre en compte dans le contexte plus large de la biosphère. Par exemple, dans le secteur de l’alimentation, le local n’a réellement de sens que si la nourriture produite est saine, tant pour l’homme que pour l’environnement.

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